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Les ressources de la mer

Par ressources naturelles nous entendons les ressources vivantes et non vivantes. Parmi les premières, la plus disputée est constituée par les poissons, dont le taux de production annuelle de l’ensemble des océans est évalué à 70 millions de tonnes mais dont il est déjà pêché environ 80 millions de tonnes. Les espèces sont de valeur très variable et posent des problèmes d’exploitation différents selon qu’elles sont sédentaires, migratrices sur des distances réduites ou hautement migratrices. Viennent ensuite les mammifères marins, les crustacés et les coquillages. Enfin, l’intérêt que l’on a manifesté pour le krill dans les années 1980 s’est singulièrement émoussé au vu du coût économique et écologique de son exploitation.

Les ressources halieutiques (concernant la pêche) ne sont pas uniformément réparties dans l’ensemble des mers. Sans entrer dans les détails de la biologie, contentons-nous de dire que, dans la mer, le cycle alimentaire est conditionné par la combinaison des éléments nutritifs qui tendent à tomber au fond et de l’activité de photosynthèse qui n’est possible que près de la surface. Est-ce à dire que les poissons ne peuvent vivre que sur les hauts fonds et dans les coraux ? Non, bien sûr : mises à part les espèces hautement migratrices qui se nourrissent à la surface et l’exception que constituent les espèces abyssales dont l’écosystème est très particulier et qui ne présentent aucun intérêt commercial, il existe des zones extrêmement poissonneuses malgré leur grande profondeur. Cela est dû au phénomène d’upwelling lié à la fois aux alizés et à la force de Coriolis. Prenons l’exemple de la zone d’upwelling du Pacifique sud, au large du Pérou : les alizés de la zone tropicale australe, soufflant du sud-est, entraînent par frottement l’eau de surface dans cette direction. La force de Coriolis déviant les mouvements vers la gauche dans l’hémisphère sud, ce courant de surface tend à se diriger vers l’ouest, entraînant les couches plus profondes dans un courant de plus en plus faible qui est toujours davantage dévié vers la gauche à mesure que la profondeur s’accroît. Ainsi, à une certaine profondeur, le courant est devenu beaucoup plus faible mais se dirige vers l’est. C’est ce que l’on appelle la spirale d’Ekman. Les masses d’eau ont donc tendance à s’éloigner des côtes sud-américaines en surface et à s’en rapprocher en profondeur, d’où une remontée des eaux profondes en limite orientale de la zone, faisant migrer les éléments nutritifs vers la surface. Cependant, ce phénomène ne fonctionne bien qu’à condition que la profondeur de la mer soit supérieure à celle jusqu’à laquelle se fait ressentir l’action de la spirale d’Ekman : l’upwelling est donc réduit à proximité des côtes.

Parmi les ressources naturelles non vivantes, citons le pétrole bien sûr, les nodules polymétalliques, les sulfures polymétalliques associés à l’hydrothermalisme sous-marin, les encroûtements cobaltifères et les sédiments métallifères que l’on trouve à environ 1.000 km de part et d’autre des dorsales océaniques actives. L’intérêt des ressources métallifères dépend bien entendu à la fois du cours mondial des métaux considérés et du coût d’exploitation de ces nodules, encroûtements et autres sédiments. À propos des nodules polymétalliques, notons qu’ils peuvent renfermer, outre le fer et le manganèse, jusqu’à 10% de cuivre, de cobalt, de nickel et d’autres métaux rares alors que leur exploitation est estimée comme rentable à partir d’une teneur de 1,7%. Les pays industrialisés ont obtenu des permis d’exploitation sur des surfaces de 100.000 km2, zones qu’ils se réservent mais n’exploitent pas encore.

Notons encore la source d’énergie renouvelable que représentent les mers : énergie de la houle, des marées, des courants, thermo-bathymétrique, sans compter l’énergie éolienne ou photovoltaïque qui peut être exploitée au-dessus de la surface. Ces formes d’énergie n’ont guère entraîné de tensions internationales jusqu’à présent, peut-être tout simplement du fait qu’elles se réduisent encore à des potentialités.

Quoi qu’il en soit, les conflits concernant les ressources des mers et des océans se résument le plus souvent à une dispute Nord-Sud : les pays pauvres cherchent à protéger ce qu’ils considèrent comme leurs ressources de leur pillage par les pays riches et à préserver les richesses encore non exploitées tandis que les pays riches s’inquiètent de la liberté de circulation sur les mers et protègent les intérêts de leurs flottes de pêche lointaine.

La contestation qui a conduit à un profond changement du droit de la mer au cours des soixante dernières années est né dans le Pacifique et se poursuit largement dans cette région.

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