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Page mise à jour 17/04/12

La guerre civile

Longtemps divisée par la diversité ethnique des Moros, la révolte devait finir par se fédérer. En 1968, Datu Uatag créait le Muslim Independence Movement (MIM) qui visait à la création d’un État islamique. La guérilla entamée par ce mouvement provoqua la réaction des chrétiens de 9 des provinces revendiquées qui créèrent des milices dans le cadre du mouvement ilaga qui revêtirait bientôt un caractère fanatique, ses guerriers se croyant invulnérables. De l’autodéfense, ces milices passèrent bientôt à des missions offensives de police aux côtés de l’armée.

Pourtant, le MIM allait bientôt être éclipsé par le Moro National Liberation Front (MNLF) créé en 1971 par Nur Misuari. Ce dernier était professeur de science politique à l’Université des Philippines, à Manille. Son organisation, dont l’objectif était l’autonomie des anciens sultanats, menait le combat à la fois par les armes sur le terrain où elle faisait l’objet d’une répression très violente et par la voie diplomatique auprès de l’Organisation de la Conférence islamique (OCI). En 1972, le président Ferdinand Marcos déclarait la loi martiale et lançait l’armée et la Constabulary dans une guerre à outrance contre les Moros. En six ans, cette guerre civile allait coûter la vie à 100.000 personnes, jeter 500.000 réfugiés sur les routes de l’exil intérieur, 130.000 autres s’exilant dans la province de Sabah en Malaisie, et 200.000 maisons ont été détruites.

En 1976 un accord était signé à Tripoli sous l’égide de l’OCI, prévoyant la création d’une Région autonome de Mindanao musulmane recouvrant les 13 provinces de Mindanao, de l’archipel de Sulu et de Palawan. Cette région aurait le droit d’instituer ses écoles, collèges et universités, d’instaurer des cours de justice appliquant la charia, d’organiser son propre système économique et financier et serait représentée au gouvernement central. Devant la violence de la réaction des chrétiens de ces provinces, le gouvernement revint sur ses promesses et annonça la création non pas d’une région autonome mais de deux et l’organisation d’un referendum. Bien entendu, les musulmans rejetèrent le projet et le MNLF reprit le combat, cette fois avec pour objectif l’indépendance. Certains guérilleros, jugeant le MNLF trop mou, faisaient sécession derrière Hashim Salamat (décédé en 2003) et créaient le Moro Islamic Liberation Front (MILF) qui se distinguerait surtout par ses prises d’otages contre rançon.

Dans les années 1980, la situation s’est compliquée par l’implantation de maquis de la New People’s Army (NPA) communiste et par la création de nouvelles milices destinées à la contrer. Côté musulman, Abdurajak Abubakar Ranjalani, un extrémiste qui avait étudié le droit islamique en Arabie saoudite, formait le groupe Abu Sayyaf (le « Père de l’épée »). Ce groupe, qui revendique la création d’une fédération d’États islamiques sur le territoire des anciens sultanats, se contente pour le moment d’accumuler un trésor de guerre en rançonnant les chrétiens philippins et, de plus en plus, les étrangers. La disparition de leur chef, tué en 1998 par la police, n’a nullement refroidi leur ardeur.

En 1996 étaient enfin signés des accords de paix entre le président Fidel Ramos et Nur Misuari, permettant de doter d’un exécutif la RAMM créée dès 1989. Nur Misuari en devint le premier gouverneur. Cependant, le MILF n’abandonnait pas la lutte et bientôt s’ajoutait la Moro Islamic Liberation Organization (MILO). L'accord sur la création de la RAMM a d'ailleurs été un échec et Nur Misuari et ses partisans le considèrent aujourd'hui comme lettre morte.

L’enlèvement d’Occidentaux en 2000 par Abu Sayyaf puis l’opération terroriste du 11 septembre 2001 déclenchèrent une vive réaction américaine : de janvier à juillet 2002 des opérations conjointes ont été menées dans l’archipel de Sulu par les forces spéciales philippines et américaines, ces dernières laissant ensuite 260 soldats américains sur place. Faute d’être en mesure de réagir militairement, la guérilla musulmane ne se signale plus guère que par des attentats à la bombe, occupation au demeurant courante dans ce pays.

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