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17/04/12Originalité du modèle philippinY a-t-il quelque chose de commun entre cette rébellion musulmane, l’islamisme radical d’une frange indonésienne et l’islam identitaire malais ? Peu de choses, à vrai dire. L’appel à un État islamique ou pour le moins à une autonomie permettant le retour aux coutumes musulmanes est naturel pour qui veut inculquer un sentiment national à des tribus qui ne se distinguent des autres ethnies que par la religion. Le MNLF de Misuari, qui a démontré sa résolution dans les combats contre l’armée et la Constabulary, ne se comporte pas comme une organisation islamiste. Le MILF ne se distingue de lui que par le refus du dialogue avec Manille, par une plus grande implication dans les enlèvements crapuleux et par ses relations avec la piraterie et le brigandage de la région. Il en va de même d’Abu Sayyaf : l’islamisme radical que professent ses dirigeants ne se concrétise guère et les contacts établis dans le début des années 1990 entre des émissaires d’Oussama ben Laden et Ranjalani ne semblent pas avoir eu de suites quoi que veuillent nous faire croire les Américains. Il n’en reste pas moins que les contacts noués entre Misuari et les pays du Moyen-Orient et la Libye dans les années 1970 ont introduit dans les milieux musulmans philippins l’influence moyen-orientale, wahhabite notamment. Il est vrai que le séparatisme moro est la manifestation d’un islam vécu comme une civilisation et du refus de la civilisation chrétienne qui marque la société philippine. Maguindanaos, Maranaos et autres tribus musulmanes n’aspirent certes pas à un islam radical mais elles cherchent à se reconnaître, par delà ce qui les divise, dans l’identité moro. |