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17/04/12Le Canada entre Anglais et FrançaisQue pèse le petit Canada (petit non par la superficie mais par sa population qui n’est que de 33 millions) face à son gigantesque voisin ? On serait tenté de répondre : « Ce que pèse une force d’appoint » tant l’impression est puissante que ce pays soutient de façon inconditionnelle les États-Unis. Le Canada ne doit pourtant pas être perçu comme une extension des États-Unis vers le nord, tant sa situation géopolitique est différente. Historiquement, le pays a été le refuge des colons restés fidèles à la Couronne britannique lors de la guerre d’indépendance américaine. Le sentiment national des deux pays en est profondément marqué. Linguistiquement, il se distingue au Canada par le phénomène de la francophonie (que l’on ne saurait rapprocher de celui de l’hispanophonie aux États-Unis). Religieusement, il est davantage lié que chez son voisin au christianisme, avec prédominance du catholicisme. Le Canada n’a jamais prétendu constituer un melting pot comme les États-Unis mais se définit comme bilingue et multiculturel. Les provinces peuvent se déclarer bilingues ou adopter l’une des deux langues comme langue officielle. De ce fait, l’intégration des nombreux immigrés se fait autour des langues et cultures anglaise et française. Il est important de noter que l’on parle, au Canada, de Français et d’Anglais et non de francophones et d’anglophones. Les premiers, à 90% regroupés au Québec, représentent 23% de la population du pays. Au Québec, la loi 101 votée en 1977 impose l’usage de la langue française dans le gouvernement, l’administration et les entreprises de plus de 50 employés ainsi que l’éducation en français, dont ne sont exemptés que les enfants d’anglophones de souche. Aujourd’hui, 80% des enfants d’immigrés sont scolarisés dans cette langue. La Charte de la langue française ne s’applique pas aux réserves amérindiennes et inuit. Les immigrés au Canada ont été, dans la première moitié du XXème siècle, des Italiens, des Ukrainiens et des juifs d’Europe centrale et orientale. Puis sont venus des Néerlandais, des Polonais et des Allemands et, plus récemment, des Asiatiques et des Latino-Américains. Longtemps, l’anglophonie, considérée comme un gage de succès, a été l’instrument de l’intégration économique et sociale, les immigrés conservant néanmoins leur langue d’origine au sein de leur communauté. Nous l’avons vu, la loi 101 a renversé cette tendance au Québec. 43,6% des Canadiens se disent catholiques, 29,2% se déclarent protestants, 1,6% orthodoxes et 16,2% (en progression de 4 points en dix ans) se proclament athées ou agnostiques. Les musulmans ne représentent que 2% de la population et les juifs 1% de la population. Les religions asiatiques sont très peu représentées (1% de bouddhistes, autant d’hindous, 0,9% de sikhs). Ce clivage religieux recouvre beaucoup moins qu’aux États-Unis les particularismes ethniques. Toutes ces différences prises en compte, il n’en reste pas moins qu’une grande partie de ce qui fait des États-Unis une nation par-delà les multiples particularismes se retrouve au Canada : une culture fondée sur le christianisme occidental, l’anglais qui est langue maternelle de la plus grande partie de la population, sans compter le fonds culturel anglo-saxon. Nonobstant le différend historique qui oppose les deux nations, le Canada soutient fidèlement les Etats-Unis dans toutes les institutions internationales. Au fait, le Canada est-il, comme les États-Unis, bi-maritime ? Techniquement, oui : il possède une façade pacifique. On notera cependant que celle-ci est réduite et peu accessible. Le seul port canadien sur le Pacifique est Vancouver. Cela se traduit dans les faits : la discrétion du Canada dans le Pacifique et en Asie contraste avec l’activisme américain. |