|
Guérillas et terrorismeAlors, tout compte fait, assisterons-nous à un choc des civilisations dans la région du Pacifique ? Oui, en quelque sorte, mais il ne s’agira pas d’un affrontement violent. Cela prendra plus probablement la forme d’un rapport de dominant à dominé entre une civilisation avant tout américaine, anglo-saxonne si nous prenons en compte l’interventionnisme croissant de l’Australie, occidentale si nous incluons la France et la Grande-Bretagne dans le schéma, et trois civilisations malayo-musulmane, extrême-orientale et ibéro-américaine. La civilisation dominante dispose d’une supériorité économique et militaire écrasante qui exclut toute action à visage découvert à son encontre. Il reste à ceux qui veulent s’opposer à elle les moyens des faibles, ceux qui ont été opposés de tout temps à la puissance dominante : la guerre clandestine, la guérilla de jungle, la guérilla urbaine et, surtout, le terrorisme engagé dans la spirale des actions spectaculaires. Les acteurs de cette guerre souterraine sont de moins en moins les maquis communistes (la New People’s Army aux Philippines), de plus en plus les islamistes radicaux disposant de réseaux mondiaux. Quant aux mouvements indépendantistes, ceux qui n’ont pas la chance de pouvoir faire l’amalgame de leur cause et de l’islamisme sont condamnés à jouer les seconds couteaux faute de disposer des moyens nécessaires à une action véritablement meurtrière. Le choc des civilisations ne pouvant pas déboucher sur un conflit armé ouvert, les risques de guerres ou de crises ne sont pas pour autant écartés. Ils résulteront non de différences culturelles mais avant tout de querelles de frontières maritimes et de disputes liées à l’exploitation des ressources et à la liberté de navigation. Toute l’évolution du droit de la mer au cours des dernières décennies illustre les puissants conflits d’intérêts Ce sera le sujet du prochain chapitre. |