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17/04/12Et l’islam américain ?J’aurais pu continuer mon exploration des pays bordant le Pacifique où l’islam représente un phénomène appréciable en vous parlant des États-Unis. Je ne le ferai pas, simplement parce que l’islam américain ne me semble jouer aucun rôle dans la géopolitique du Pacifique. Je dirai seulement que les musulmans, au nombre de 5 millions, représentent 2% de la population américaine et que cet islam est original face à celui du Moyen-Orient. Des immigrants arabes sont venus dès le XIXème s. chercher fortune dans le Nouveau Monde, comptant retourner ensuite dans leur pays d’origine. Leur rêve d’enrichissement rapide se révélant illusoire, ils se sont maintenus sur place et ont fait souche, se regroupant naturellement autour de l’élément identitaire que représentait l’islam. En l’absence de prêcheurs ayant reçu la formation requise, ils ont désigné les plus instruits pour diriger la prière. Il en est résulté une certaine dérive, les musulmans américains n’ayant pour modèle que la société environnante et adaptant leurs pratiques à ce modèle. Au XXème s. sont venus des docteurs de l’islam qui ont entrepris de corriger ces dérives. Les musulmans de certaines mosquées ont entendu leur enseignement et sont revenus aux pratiques orthodoxes moyen-orientales tandis que d’autres ont maintenu une vision américaine de l’islam. Des tentatives d’unification n’ont jusqu’à présent abouti qu’à une plus grande tolérance mutuelle. Dans les années 1960, celles de la révolte noire, des Noirs ont vu dans l’islam une religion de la libération nationale et ont embrassé cette foi dans un contexte de grande violence. Si l’époque des Black Panthers est révolue, l’islam afro-américain reste marqué d’une idéologie de révolte. Par ailleurs, ceux qui ont embrassé la foi musulmane sans que l’islam fasse partie de leur patrimoine culturel peuvent trouver une légitimation dans la recherche de l’orthodoxie, dans un prosélytisme extrême, voire dans l’aspiration au martyre. |