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17/04/2012

Evolution des caractères Pictogrammes Idéopictogrammes Idéogrammes Idéophonogrammes Conclusion

L'étymologie de nos langues occidentale met en jeu les sons et accessoirement l'orthographe. Il n'en va pas de même du chinois, très pauvre en sons, qui est avant tout une langue écrite. Si l'on veut rechercher l'origine d'un mot, c'est dans sa graphie qu'il faut fouiller. Recherche passionnante car elle nous fait remonter les millénaires : si l'écriture chinoise n'est pas, loin s'en faut, la plus vieille du monde, elle est celle qui connaît la plus ancienne tradition continue. Les inscriptions oraculaires datant au moins du XIVème siècle avant notre ère (certains spécialistes les font même remonter à 2.000 ans avant notre ère !) peuvent encore reconnus comme les modèles des caractères aujourd'hui employés par les Chinois.

Nul ne peut donc comprendre la structure d'un caractère sans remonter à sa forme originelle, souvent ancienne de quelque 3.500 ans au moins. Peu de Chinois en sont capables. Prenons pour exemple le caractère wang, "espérance", ci-contre. On y distingue trois éléments. Tout bon connaisseur de la langue chinoise reconnaît en bas un élément qui peut désigner soit le roi, soit une sphère ; en haut à gauche, la mort ; en haut à droite, ce peut être soit la lune, soit la chair. Nous voici bien avancés. On peut essayer de combiner ces éléments dans tous les sens, on n'aboutit à rien qui évoque l'espérance. Minute, m'objecte-t-on : l'élément inférieur se prononce wang, il peut donc avoir une valeur phonétique. Bon. En haut à gauche on retrouve également le son wang. Et comment expliquer le reste du caractère ? Nous y reviendrons à la fin de cet exposé.

C'est vrai, pour analyser un caractère chinois, il faut le décomposer, à condition du moins qu'il soit décomposable. Mais c'est sous sa forme originelle qu'il faut le démonter.

La plus ancienne écriture chinoise connue, nous l'avons dit, est celle de ces inscriptions divinatoires sur os ou sur écaille de tortue appelées justement jiaguwen, "écriture sur écaille et sur os". Si l'on pouvait retourner l'écaille ventrale de tortue ci-contre, on observerait de petits puits ronds creusés à espaces réguliers. Cette écaille était ensuite présentée à la flamme et il se produisait sur l'autre face, celle ici visible, des fissures en forme de T dont l'oracle interprétait la forme pour donner la réponse céleste à la question posée. A une certaine époque, on est venu à rédiger les questions posées puis les réponses, en utilisant une écriture sans doute apparue peu de temps avant mais dont l'unique support qui se soit conservé est ces os et écailles divinatoires.

Ces caractères primitifs, pour beaucoup d'une grande beauté, peuvent être classés en pictogrammes, idéopictogrammes et idéogrammes, les premiers servant à composer les seconds et les derniers. Plus tard apparaîtront les idéophonogrammes qui doivent également être pris en compte dans notre étude étymologique.

N.B. : Toutes les calligraphies reproduites dans ces pages sont de l'auteur. Celles apparaissant en noir sont tirées de fiches établies par l'auteur il y a une vingtaine d'années, les calligraphies en rouge ont été tracées spécialement pour cette conférence et ultérieurement.

Par ailleurs, nous n'avons pas utilisé pour illustrer le présent exposé les caractères dits simplifiés utilisés aujourd'hui en République populaire de Chine pour la simple raison que ces derniers ont pour la plupart rompu le lien avec leur étymologie. Les caractères "modernes" (ils datent tout de même du IIème s. de notre ère !) que nous avons étudiés sont toujours utilisés à Taiwan, à Singapour, dans la diaspora chinoise et... au Japon ("ganji" est la prononciation japonaise des mots "caractères chinois").