Les idéophonogrammes

La très grande majorité des caractères chinois sont des idéophonogrammes, caractères apparus peu de temps après les jiaguwen et qui se sont multipliés tout au long de l'histoire de la Chine.

L'idéophonogramme est composé d'un élément phonétique, qui est le plus souvent un idéogramme dont on n'a retenu que la prononciation, et d'une clé sémantique indiquant la catégorie à laquelle appartient la notion exprimée : action, sentiment, machine, administration, vêtement, végétal, nourriture, etc.

L'élément phonétique peut être un pictogramme, un idéopictogramme, un idéogramme ou même un idéophonogramme. Mieux, l'idéophonogramme servant d'élément phonétique peut lui-même être composé d'une clé sémantique et d'un autre idéophonogramme, et ainsi de suite. Il existe ainsi des caractères qui peuvent être décomposés quatre à cinq fois.

On est parfois dérouté par le fait que la prononciation du mot considéré n'a rien à voir avec celle du caractère utilisé comme élément phonétique. C'est que certains caractères sont apparus sous le règne de dynasties du sud lors de périodes de division de la Chine. C'est en cantonais, en haka, en minnanyu ou dans une autre langue du sud que ce caractère et son élément phonétique étaient homophones.

Alors qu'un pictogramme est indécomposable, qu'un idéopictogramme ne se décompose qu'en un pictogramme et un marqueur et qu'un idéogramme peut combiner un nombre non limité de pictogrammes, l'idéophonogramme ne peut être décomposé qu'en deux parties même si l'élément phonétique est lui-même décomposable.

L'élément phonétique n'est pas choisi au hasard parmi les idéogrammes homophones : le sens de l'idéogramme sélectionné est souvent pris en compte.

Il existe près de 200 clés sémantiques. Notre propos n'est pas de les illustrer toutes, d'autant que les idéophonogrammes présentent un intérêt limité du point de vue de l'étymologie. Nous nous tiendrons donc à quelques clés à titre d'exemples.