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Le taoïsme
Le dao 道, ou Voie, est ce qui régit les mutations au sein du cosmos, la façon dont le qi, le « souffle », essence de tout l’univers, se crée et se dissout éternellement. C’est pour cela qu’il ne faut pas interférer avec le dao (principe du wuwei 無爲, non agir). Pour atteindre l’ordre et l’harmonie, il faut percevoir le dao 道 dans la nature et s’y conformer. Par la suite, la quête très ancienne de l’immortalité a trouvé dans le taoïsme l’idée d’un renforcement de soi par la mise en harmonie avec les forces de la nature. Comme il n’existe pas de différence fondamentale entre l’âme et le corps, l’immortalité ne peut être atteinte qu’en purifiant son cœur et son esprit en même temps que l’on agit sur son corps.
Ce taoïsme religieux est difficile à distinguer de la religion populaire. Les dieux sont innombrables et hiérarchisés. Il est d’ailleurs intéressant de voir que si ces dieux peuvent agir sur les destinées des hommes, les prêtres ou l’empereur peuvent les promouvoir ou les rétrograder dans la hiérarchie céleste. Des hommes peuvent, après leur mort, être divinisés par décret impérial après avoir démontré leur nature surnaturelle : le cas le plus connu est celui de Guanyu, le farouche guerrier au visage rouge et à la longue barbe, toujours représenté armé de sa hallebarde. Il est le dieu de la fidélité aux serments. Un dieu n’est pas vénéré en fonction de son rang : le Maître du Ciel est trop éloigné du peuple pour être prié. On s’adresse aux dieux selon leur spécialité, comme chez nous on prie Saint Antoine pour retrouver l’objet perdu. En fait, le clergé ne se mêle pas à ce culte qui se déroule à la maison, dans les minuscules temples des « empereurs du terroir » ou dans les temples. Ils n’interviennent que pour les rites qui rythment l’année et pour des pratiques de désenvoûtement ou de guérison ressemblant fort à de la magie. |