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Jacques Ancel (1879-1943) :

pour une géographie des nations

Bien entendu, les géopoliticiens allemands et anglo-saxons ont eu des émules dans bien d’autres pays, notamment en France. Nous ne pouvons pas nous étendre ici sur l’œuvre de Paul Vidal de la Blache (1845-1918) ni sur celle d’André Chéradame qui ont tous deux pris le contre-pied de la théorie de la puissance allemande de Haushofer. Nous ne pouvons, en revanche, nous passer de citer le géographe français Jacques Ancel. Le contexte est toujours l’entre deux guerres mais c’est surtout le dépècement des empires austro-hongrois et turc qui a influencé Ancel. S’intéressant avant tout aux Balkans et à l’Europe centrale, il a élaboré la plus fine des études sur les lignes de force tracées par la nature et sur les combinaisons de genres de vie réalisés dans les territoires des nouveaux États. Il s’est particulièrement penché sur la question des frontières (« Géopolitique » 1936, « Géographie des frontières » 1938) et la façon dont la géographie conditionne la formation des nations et du sentiment national.

La frontière est soit imposée par la nature, soit le résultat d’un équilibre atteint par deux groupes humains. Ancel favorisait la seconde hypothèse, démontrant que les obstacles naturels ne constituent pas nécessairement des frontières naturelles : la mer rapproche davantage les peuples qu’elle ne les sépare, les montagnes les plus élevées sont bien souvent occupées de part et d’autre par un même groupe humain, les grands fleuves ne constituent qu’exceptionnellement des frontières. Seuls les vides d’humanité, déserts, marais, forêts, pourraient constituer des frontières naturelles. Les vraies frontières sont le produit de faits humains comme la disparité linguistique.

Tout oppose donc Ancel à Haushofer. Tous deux, d’ailleurs, ont analysé leurs différends dans une abondante correspondance.

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