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Friedrich Ratzel (1844-1904) :

la nécessité de l’expansion

Principaux ouvrages : « Géographie politique » (1897), « L’espace vital » (1901).

L’œuvre de Friedrich Ratzel a eu pour cadre l’Allemagne de la fin du XIXème siècle. Celle-ci avait pour double souci de contrer la puissance britannique et de détourner la France de toute idée de revanche contre elle après sa défaite de 1870 et la perte de l’Alsace-Lorraine. En l’encourageant dans ses visées coloniales, elle visait ce double objectif : la France entrait en concurrence avec la Grande-Bretagne et oubliait quelque peu ses ambitions territoriales en Europe. L’Allemagne elle-même avait ses propres ambitions coloniales. L’apogée de cette politique a été le congrès de Berlin en 1885.

Cette époque était celle de l’exaltation du nationalisme et du colonialisme. Nationaliste, Ratzel l’était : il était membre de la Ligue pangermaniste et militait au parti national libéral. Colonialiste, il l’était également : il était membre fondateur du Comité colonial.

À l’époque où il a développé son œuvre, Ratzel était titulaire de la chaire de géographie à l’université de Leipzig. Il s’intéressait avant tout aux rapports entre la géographie et la politique. Sa vision était celle d’États continents démesurés, surtout après qu’il eût voyagé aux États-Unis, et il refusait l’enfermement géopolitique de l’Allemagne dans l’Europe. Conscient de l’avance prise par la France et la Grande-Bretagne dans le partage de la puissance maritime, il préconisait une alliance avec l’Asie, représentée avant tout par la puissance émergente qu’était le Japon (victoires du Japon sur la Russie en 1905 : sur terre à Port-Arthur, sur mer à Tsushima).

Pour Ratzel, l’État était comparable à un organisme vivant, idée que développa Kjellen. Il est constitué d’une fraction de l’humanité rassemblée sur une fraction du sol. Les deux éléments principaux caractérisant l’État sont donc le peuple et le sol. La notion de peuple n’impliquait aucune connotation raciale : il s’agissait d’un ensemble d’individus liés non par la race ni par la langue mais vivant sur un même sol. Kjellen refusait la politique des nationalités qui était déjà en vogue et triompherait après la Grande Guerre. Il s’agissait d’une conception impériale de l’État, conception qui évoquait l’Empire austro-hongrois mais peut être rapprochée de la notion moderne d’État pluriethnique.

Quant au sol, il est caractérisé, de façon décroissante, par sa situation, son étendue et ses frontières. La situation de l’État peut être mondiale, périphérique ou médiane. Quant à son étendue et à ses frontières, elles nous conduisent à étudier le type et la forme du sol, la végétation, les voies fluviales et les communications avec le reste du monde.

Dans « L’espace vital », publié en 1902, Ratzel définissait 7 lois qui régissent l’expansion d’un État :

  • La croissance spatiale va de pair avec le développement de la culture, ce qui justifie l’expansion au détriment de peuples moins avancés.
  • L’étendue de l’État s’accroît en proportion de sa puissance économique et commerciale, et aussi en fonction de son idéologie : l’expansion est affaire de moyens et de volonté.
  • L’expansion se fait par absorption d’entités politiques moins importantes : le mouvement est donc auto-alimenté.
  • La frontière est vivante : elle marque les limites temporaires d’un État entre deux phases d’expansion.
  • La logique géographique prévaut sur toute autre considération dans le processus d’expansion de l’État.
  • L’expansion est favorisée par la proximité d’entités politiques moins importantes : l’État ne peut pas se développer si ses voisins sont également puissants.
  • Le mouvement est alimenté par la généralisation des expansions territoriales : les conquêtes territoriales d’États rivaux accentuent la nécessité d’expansion de l’État considéré.

On a reproché à cette géopolitique primitive de donner une explication déterministe de l’histoire. C’est là un mauvais procès fait à Ratzel : il considérait les lois objectives qu’il énumérait comme subordonnées à la volonté politique et prenait en compte l’influence des représentations géographiques et des idées religieuses et politiques sur l’expansion des États. Ne visant qu’à définir les invariants géopolitiques dans la définition des politiques des États, il peut être considéré comme un des précurseurs de la Realpolitik.

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