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Halford J. Mackinder (1861-1947) :la théorie du pivotRatzel et Haushofer avaient une conception géopolitique de la puissance allemande, Mahan de la puissance américaine et, accessoirement, de la puissance britannique et japonaise. Avec le Britannique Mackinder apparaît une vision mondiale de la géopolitique. Il a exposé ses théories dès 1904 et les a révisées quarante ans plus tard, dans le contexte de la 2ème Guerre mondiale. Cette vision est celle d’une « île mondiale » organisée autour d’un pivot, le Heartland, centre de gravité de tous les phénomènes géopolitiques. L’Eurasie, inaccessible à la puissance maritime, a pour cœur la Russie. Celle-ci est protégée par un croissant de zones faisant obstacle à la pénétration depuis les côtes, l’Inner Crescent constitué par la Sibérie, l’Himalaya, le désert de Gobi, le Tibet. Au-delà se trouvent les pays ayant accès aux océans, le Coastland. Au-delà des mers et du Sahara qui délimitent l’île mondiale se trouve l’Outer Crescent composé de la Grande-Bretagne et du Japon. Enfin, plus loin encore est situé le Nouveau Monde dont le cœur est les États-Unis. L’ensemble des phénomènes géopolitiques se résume en une lutte entre le Heartland et l’Outer Crescent. La doctrine de Mackinder, contrairement à celle de Mahan, est celle d’une suprématie de la puissance continentale : « Qui tient l’Europe orientale tient le Heartland, qui tient le Heartland domine l’île mondiale, qui domine l’île mondiale domine le monde. » La hantise de Mackinder était une alliance entre l’Allemagne et la Russie qui auraient ainsi dominé l’île mondiale. En fait, la théorie de Mackinder était irréaliste. D’abord, les géopolitiques respectives de l’Allemagne et de la Russie n’avaient aucune raison de converger. L’alliance germano-russe a bien été réalisée, mais c’était un traité de circonstance qui ne pouvait qu’être dénoncé. Par ailleurs, comme tout le monde à son époque, Mackinder surestimait les progrès de la technique, notamment le développement des chemins de fer et de l’aviation, imaginant qu’ils abolissaient les obstacles que constituaient la Sibérie et les montagnes. |