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17/04/2012
Idéogrammes comportant le pictogramme de l'homme
 Un
homme et un arbre, c'est la notion "se
reposer" .
Non pas, comme on l'explique le plus souvent, parce que l'homme est adossé à
l'arbre : dans la forme jiaguwen, il est aussi souvent à droite, donc face
à l'arbre (n'en tirons pas de conclusion vulgaire sur une autre signification).
L'association provient plutôt de la notion de sieste à l'ombre de l'arbre.
Deux
hommes l'un derrière l'autre ? "Suivre", bien entendu ! Ces deux
hommes apparaissent toujours dans le caractère
où l'on a ajouté la clé sémantique de "la marche à grands pas" et
le pictogramme du pied.
 Ah
! Voici que le second homme ne suit plus le premier. Au contraire, il lui a
tourné le dos. Ce caractère, précisément, signifie "tourner le
dos", mais aussi "dos", "envers", "dans le
dos", "s'opposer à". Par la suite, ce même caractère a été
utilisé pour désigner le nord, mot qui se prononce de la même façon.
Aujourd'hui, le caractère
ne signifie plus que "nord", "septentrional". Pour désigner
le dos ou les mots qui en sont dérivés, on y ajoute la clé sémantique de
"la chair" comme nous le verrons au chapitre des idéophonogrammes.
 Nous
n'en avons pas fini avec nos deux hommes. Ils se tournent toujours le dos, mais
voici que l'un d'eux s'est mis sur la tête ! L'idée transmise est celle de
transformation .
Ce caractère trouve sa place dans le chinois le plus moderne puisqu'il est
utilisé pour désigner la chimie, la "science des transformations".
A
présent, nos deux hommes (tiens ? ils n'ont plus de jambes !) se tiennent par
les deux mains. Ils "en viennent aux mains", dirions-nous aujourd'hui.
Ce sont à l'évidence deux lutteurs. Le caractère
signifie "combat", "guerre". On y retrouve les deux têtes
et l'enlacement des bras. En revanche, les copiste n'ont pas compris que les
deux traits verticaux étaient les corps des lutteurs et ils les ont croisés. A
droite, on a ajouté la clé sémantique de la hallebarde.
  Abandonnons
à présent notre paire de gaillards et revenons à l'homme seul. Prêtons
attention à ce caractère, nous le retrouverons en conclusion. Un homme (debout
de profil mais aussi parfois accroupi) et un oeil : on l'a deviné, c'est le
verbe "voir" .
On retrouve ce caractère dans "regarder".
Nous
reconnaissons ici une céréale associée à l'homme. Ce qui relie les deux
notions, c'est le cycle végétal qui assure à l'homme sa subsistance :
l'année .
Ici,
l'homme tient dans les mains ce qui ressemble à des guirlandes. Il s'agit sans
doute d'un chamane en transe exécutant une danse. Le sens du caractère est
"danser". Dans le caractère actuel
, l'homme se retrouve dans les deux traits supérieurs mais la transformation
des guirlandes est assez surprenante. En bas, on a ajouté deux "pieds
opposés" qui figurent également dans d'autres caractères évoquant
l'action de grimper, par exemple.
Que
voilà un bel idéogramme, que nous retrouverons d'ailleurs lorsque nous
analyserons le caractère de l'espérance. Un homme et un pied : cela évoque
l'homme se hissant sur la pointe des pieds. Que cela signifie-t-il ?
"Aspirer à" .
Le chapeau est une forme courante de l'homme dans les compositions et on
reconnaît en dessous le pied.
Deux
hommes se suivant sous une bannière, c'est sans doute une armée en campagne.
Aujourd'hui (nos deux hommes, méconnaissables, sont en bas à droite) a revêtu le sens
plus pacifique de "voyager".
Un
homme, une hallebarde. S'agit-il d'une représentation du hallebardier ? Non, il
s'agir du verbe "chercher". Peut-être le sens original était-il de
s'assurer d'une personne par les armes ? Une arrestation, donc ? Toujours est-il
que, copie après copie, cet homme barré du fer horizontal de la hallebarde a
été confondu avec la clé sémantique de la "main active" dans le
caractère ,
d'autant plus facilement qu'il s'agit effectivement d'une action.
L'homme
est à présent accroupi. Ce n'est pas sa tête que nous voyons, mais sa bouche.
Une autre bouche, placée à côté, indique qu'il s'agit d'un son. Un son
produit par l'homme avec sa bouche : le sifflement. Il s'agit en effet du verbe
"siffler" ,
et aussi, par assimilation, "souffler". Ce caractère signifie aussi
"se vanter". Parce que l'on se gonfle ?
Nous
retrouvons ici la natte décrite au chapitre des pictogrammes.
Elle est accompagnée du pictogramme de l'homme. Offrir à quelqu'un une natte
où s'étendre pour dormir, c'est l'accueillir, le loger. Sous la forme
actuellement utilisée ,
on reconnaît encore l'homme et la natte déformée (c'est le chiffre 100 !)
mais aussi, au dessus, la maison. Cela renforce le sens de cet idéogramme,
"loger".
Il
n'est nul besoin d'être clair pour voir ici à gauche, sous deux formes
anciennes, un homme buvant avidement à une amphore. L'homme, la langue
et la jarre. Il faut cependant passer par la forme xiaozhuan
de cet idéogramme, à droite, où l'on reconnaît encore l'homme,
la bouche et la jarre, pour comprendre le caractère
actuel , "boire". Ce
dernier est en général interprété comme un idéophonogramme
parce que l'élément de gauche s'est confondu avec la clé sémantique de la nourriture. C'est une
erreur (bien compréhensible lorsque l'on regarde la forme xiaozhuan), il s'agit bien d'un idéogramme, tout en lui
formant sens.
Un
homme accroupi. Au-dessus de sa tête, est-ce une montagne ou un feu ? Les
versions jinwen
et xiaozhuan
du caractère répondent à la question : il s'agit d'un feu.
Ce caractère, dans l'écriture
régulière, signifie "éclat". A l'origine, il s'agit de
l'éclat d'une personne, du feu qui brûle en elle, d'où la présence de
l'homme dans le caractère. Il en reste trace dans l'emploi de ce caractère au
sein d'expressions polies comme "honorer de sa présence",
"honorer de sa visite".
L'homme
est ici accroupi devant un autel et la bouche indique
qu'il parle. Cet idéogramme signifie "invoquer". Un glissement s'est
fait, dans la langue moderne, vers un sens moins religieux :
"congratuler", "fêter", "féliciter",
"souhaiter" (un bon anniversaire, par exemple). On voit clairement
comme la graphie de ce jiaguwen
a glissé vers celle du jinwen
puis, à travers le xiaozhuan
, vers le caractère régulier .
Ceci
ressemble bien à un homme dans une maison, à ceci près que cette maison est
coiffée d'un toupet de chaume et raidie par une poutre basse. Il s'agit sans
doute d'une hutte, abri provisoire dans lequel l'homme se retire à la nuit
tombée. Le sens de cet idéogramme est précisément "soir",
"nuit", "tard". Les graveurs sur bronze ont simplifié cette
hutte, lui donnant la forme d'une maison aux formes
plus arrondies : . Selon leur habitude,
les graveurs de sceaux ont
ajouté des fioritures à la forme de l'homme et, surtout, ont accentué l'idée
de moment dans la journée en ajoutant le soleil :
ainsi, le xiaozhuan
est à l'origine du caractère
régulier .
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